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Le lendemain matin, je prends la route pour l'ascension qui promet d'être longue et dure du plus haut des cols roumain. Une route inutile que le génie des Carpates a fait construire pour que le Roumanie possède un passage à plus de 2000m. Je grimpe en douceur, sans gaspiller trop de forces, dans un premier temps, en forêt, ensuite le paysage s'ouvre dans les alpages. J'ai devant moi un mur rocheux sur lequel s'étage une affreuse mais impressionnante succession de lacets. Je ratrappe trois jeunes cyclos roumains en voyage, ils sont équipés de vélos anciens, vitesses "au cadre" et sac à dos, ça semble encore plus dur pour eux que pour moi, et je le crois volontiers. Tout en grimpant, je discute avec l'un d'eux, surpris par mon équipement et par le nombre de pays dans lesquels j'ai pédalé. Pendant ce temps, les deux autres, fatigués, décident, pour s'économiser de ne plus grimper par la route, mais de couper les lacets à pied en portant leur vélo en plus de leur sac. Nous les attendons régulièrement, probablement même plus longtemps que s'ils avaient continué leur montée sur leur vélos. Les trois compères ont décidé de dormir "en sauvage" près du sommet, je décide donc de les abandonner pour ne pas "basculer" trop tard. Au sommet, il y a de nombreuses échopes touristiques sans intérêt, mais aussi, mais surtout! L'entrée d'un tunnel, le problème est que je n'ai pas d'éclairage sur Grimp'tout, ni pour voir, ni pour être vu. Le tunnel est long, et courbé en ses deux extrémités, si bien que dès que je m'y engage, je me retrouve vite dans le noir absolu, impossible de continuer sans voir ni la direction à suivre, ni les trous dans la route. J'essaye de faire comprendre à l'un ou l'autre automobiliste que je souhaiterais être suivi de près jusqu’à la sortie du tunnel pour profiter de la lumière des phares. Après quelques échec, arrive une voiture immatriculée en France, elle s'arrête à ma hauteur, rapide discussion, puis me suit sans encombre jusqu’au retour de la lumière. Là, un brouillard très dense m'attend, je ne vois absolument rien, et je descends prudement, « à l'oreille » me rangeant sur le bord de la route dès que j'entends une voiture approcher. Je me jure de ne plus jamais oublier le dispositif d'éclairage d'appoint de Grimp'tout. Le reste de la descente vers le lac Balea se passe sans le moindre souci, j'y croise mes amis campingcaristes français de Bicaz, on échange quelques infos. Je loge dans un hotel près du lac.

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