De Saint Jean de Luz à Collioure. Juillet 2002

 

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Toutes les images qui illustrent ce voyage et quelques autres sont en grand format dans les galeries

Ce voyage pyrénéen, cela fait deux ans que j'en parle. J'ai acheté les cartes et commencé à préparer mon itinéraire dès mon retour des Pays-Bas l'année passée. L'objectif est de rallier en cyclo-camping l'Atlantique à la Méditerranée par les grands cols. Gilles, un ami et parrain de mon fiston se propose de m'accompagner. Ce n'est donc pas seul que je pars cette fois-ci.
Gilles n'a que peu d'expérience du voyage à vélo et n'a pas vraiment eu la possibilité de s'entraîner comme il l'aurait fallu, mais qu'importe le plus important n'est-il pas d'essayer. Nous partons donc à deux en voiture vers chez son frère qui habite près de Gaillac. De là nous prendrons le train pour St Jean de Luz avec les vélo et les bagages.
La veille du grand départ, nous faisons une courte rando vers la gare de Gaillac pour obtenir les renseignements quant à notre voyage du lendemain. Comme d'habitude la S.N.C.F. est imprécise, elle ne peut pas nous garantir qu'il y ait un fourgon pour les vélos dans un des trains que nous devons prendre, et il n'y en a pas d'autre. Tant pis, on verra demain avec les contrôleurs. Au retour de la balade nous faisons un petit détour pour inaugurer une longue série de Ricard en fin d'étape.
Le lendemain nous partons donc de bonne heure vers Gaillac pour y prendre notre train. A la gare nous pesons nos équipages Gilles son vélo et ses bagages pèsent 112,5 kg, pour moi la balance indique 137,5 kg. Durant le voyage en train (avec fourgon), je ne me tiens plus, la montagne approche, Gilles lui regarde de l'autre côté du train vers la plaine… Un peu excités, surtout moi, nous oublions de manger avant d'attaquer notre premier col, celui d'Ibardin, nous réalisons une ascension sans problème, j'ai un peu d'avance sur Gilles mais il grimpe bien. Au bas de la descente, par contre, j'attends un peu plus car Gilles a peur des descentes. Nous repassons en France par le col de Lizuniaga où le petit coup de barre se fait sentir, mais nous nous retapons vite en mangeant un ou deux de nos Granny. A l'entrée du village de Sare, je m'arrête pour une photo et Gilles continue. Nous ne prenons pas le même chemin. Inquiet de ne pas le trouver, je me mets à arrêter les voitures pour obtenir des infos sur sa position. Finalement je le retrouve au centre du village. J'ai repéré à l'avance un camping à Ainhoa mais quand nous arrivons dans le village, c'est pour apprendre qu'il n'y a pas de commerce pour s'approvisionner. Le plus proche se trouve à Dantxarinea, près d'un autre camping. C'est en fait un ancien free-tax entre les deux postes frontières mais on y trouve de tout. Durant la nuit, il pleut un peu, je dors donc très bien, j'aime ça. Par contre au réveil, la motivation n'y est pas trop et nous traînons un peu.
Nous partons finalement un peu avant midi pour aller prendre notre petit déjeuner à Ainhoa dans un bar repéré la veille. Nous nous offrons un gâteau Basque et un café avant d'attaquer le col de Pinodieta sans réelle difficulté. Nous grimpons ensuite le col Legarre, à peine plus sérieux pour nous diriger vers le Pas de Roland. Superbe mais courte gorge que nous traversons avec plaisir. Vient ensuite la terrible ascension du col Harlepea, avec ses pourcentages que l'on m'avait annoncés véreux. La bulle de mon clinomètre montera même jusque 20%. Avec les bagages, c'est une vraie partie de plaisir et c'est la première fois du voyage que j'utilise mon 22 * 32. Nous rejoignons ensuite St Jean Pied de Port par une route plus importante. Le soir nous nous offrons un petit resto après le Ricard.
Le troisième jour, c'est celui du premier "gros" col, celui de Bagargui, le soleil est enfin vraiment de la partie et l'ascension est rude. Dans les 4 premiers km de l'ascension, les pourcentages sont au-dessus de 10 et Gilles décide que si mon vélo s'appelle "Grimp'Tout", le sien s'appelle "Grimp'Pas Tout". Mais il passe quand même pas mal. Ensuite les pentes sont un peu moins raides jusqu'au col de Burdincurutcheta notre premier plus de 1000 m. Au chalet de Cize, après une courte descente, nous faisons une halte pique-nique un peu trop copieuse pour moi. Il faut dire que nous nous sommes fait offrir en fin de repas quelques morceaux de lard grillés par des randonneurs. Nous repartons donc vers notre premier Big (brevet international du grimpeur) du voyage, mais je souffre d'un léger point de côté et je dois faire de nombreuses pauses. Gilles remerciera d'ailleurs ce point de côté qui lui a permis d'atteindre le sommet en tête de la course et de revendiquer le maillot à pois en fin d'étape. Pendant que je grimpe, il y a deux vautours fauves qui tournent au dessus de moi, attendent-ils que je tombe ? Ai-je l'air si mal en point (de côté)? Au sommet nous faisons une petite pause avant de nous lancer dans la première grande descente. Gilles est déjà très impressionné, mais un touriste vient le rassurer. C'est ici paraît-il que Bernard Hinault est tombé et qu'il a dû abandonner le Tour de France. Voilà notre Gilles en pleine confiance… Il se lance même en tête dans la descente, je le rattrape, et le dépasse qu'il n'a pas fait 100 m. Durant la descente, je ferai deux petites pauses pour faire refroidir mes jantes. Je les asperge d'eau pour accélérer le processus. Au bas de la descente, il reste un bon km de grimpe et nous sommes à notre ville étape, Larrau. La consigne est de me placer dans un bar bien en vue et d'attendre Gilles. J'attendrai effectivement un peu plus de 2 heures un Gilles qui est descendu une bonne partie à pied. Il a d'ailleurs rebaptisé son vélo "Descend Pas Tout". Mais je ne serai pas seul à attendre, j'ai rencontré une bande sympa et les tournées commencent à voler. Il faut le reconnaître, quand Gilles est arrivé j'étais légèrement éméché.
Le quatrième jour, notre itinéraire commence par un descente de 2 km, celle-ci est très roulante et j'atteins sans peine 62 km/h. Au pied de la descente j'attends Gilles 12 minutes. Il décide qu'à ce rythme là, il abandonne. Il va retrouver sa voiture près de Gaillac et tenter de me rejoindre le soir en fonction des infos que je lui fournirai par téléphone. Je pars donc seul pour une étape qui devrait me permettre de passer 15 cols dont celui de la Pierre St Martin. La route monte continuellement vers St Engrâce et je mets du temps à trouver mon rythme mais ça roule bien. Le ciel est plombé et ça semble ne pas s'arranger. A St Engrâce je me renseigne chez un paysans qui rentre son foin. Ca craque dans combien de temps là-haut ? Il me répond que j'ai trois heures avant l'orage. Il faudra donc supprimer un petit détour prévu pour attraper quelques cols, mais j'ai le temps de monter à la Pierre St Martin si je ne traîne pas. Je me lance donc, une bonne demi-heure plus tard, arrivé à deux km du sommet du col de Suscousse, je vois un éclair devant moi. Je compte : Un Deux BANG ! moins d'un km. Il n'est pas raisonnable de continuer, je redescends donc sur la route déjà mouillée par la pluie. Je comprends alors que les 3 heures promises devaient être celles que le paysan espérait pour rentrer son foin avant la pluie. A St Engrâce je m'offre un omelette au jambon du pays et j'attends que l'orage se calme. Je consulte la carte, je vais contourner les cols par les vallées et aller me placer au pied du col de Marie Blanque. La journée est un peu galère, l'abandon dans ce col, même si je n'y pouvais rien, me reste un peu dans la gorge. Finalement les pluies diminuent et la fin de l'étape est même accompagnée d'un peu de soleil. Je me suis renseigné, il y a un camping à Escot au pied de Marie Blanque. Mais, je constate à Escot, que celui-ci se trouve à 4 km du sommet, c'est à dire au sixième km d'ascension. Heureusement les premier km ne sont pas trop raides ce qui me permet d'arriver au camp avant l'orage qui revient pour le début de soirée. Je passe la soirée à attendre Gilles en compagnie des membres d'une colonie de vacances belge.
Le cinquième jour, mes pieds ont mal supporté la pluie de la veille, ils sont douloureux, je tente de me soigner et je pars donc sans bagages, c'est la voiture qui porte. Mon petit déjeuner consiste en les 4 derniers km, les plus durs, du col de Marie Blanque. Ces 4 km raides me permettent de traverser les nuages, arriver au dessus des nuages est toujours pour moi un réel plaisir. Je descends vers le plateau de Bénou qui se dégage doucement et offre un joli paysage. A Bielle, je déjeune sérieusement. Je rejoins ensuite par les petites routes, celle du col d'Aubisque à Eaux-Bonnes. Dans l'ascension, la principale difficulté sera de respirer après le passage des moteurs diesel qui me crachent leur fumée. Il y aura même un automobiliste qui ralentira pour m'encourager avant de m'envoyer son nuage. Beuk ! Finalement, j'atteins le sommet de l'Aubisque dans les nuages et le passage du Soulor n'est, dans ce sens, qu'une formalité. Dans la descente vers Argelès Gazost, je décide de ne pas attaquer ce soir, vu l'heure tardive, le col de Spandelle. Ce sera pour un autre voyage. A Argelès nous choisissons un camping sur papier, la route qui y mène grimpe avec un maximum à 15%, dur dur en fin de journée. Durant la nuit nous essuyons un orage et beaucoup de pluie mais le soleil se lève dans un ciel presque sans nuages.
La sixième étape va nous mener au point culminant du voyage, le col du Tourmalet, et pourquoi pas, si c'était possible au Pic du Midi de Bigore. La piste qui y mène est selon les infos que j'ai reçues, en très mauvais état et interdite à toute circulation. On verra au col… Le départ sous le soleil se fait dans la bonne humeur, jusqu'à l'entrée des gorges de le Luz, tout va même très bien. Mais dans les gorges elles-mêmes, il y a un trafic épouvantable et l'air est irrespirable, ça pue la ville… Je ne suis pas à l'aise du tout, les voitures et camions me frôlent, quand j'arrive à Luz St Sauveur, j'ai presque la migraine et je me fais une bonne pause avec un grand coca. J'ai toujours mal aux pieds, j'envoie Gilles à la pharmacie me chercher un anti-mycosique en crème, ça ira mieux demain. L'ascension du Tourmalet est moins difficile que je le croyais, elle est longue, mais les pourcentages y sont rarement excessifs. En fait, seul le dernier km dans les nuages est vraiment plus difficile. Au col, je repère l'embranchement de la piste vers le Pic du Midi, j'ai bien envie de tenter le coup, d'autant plus que je le regretterai si je ne le fais pas. Je me renseigne, on me répond. "Les randonneurs sont admis pourquoi pas les cyclistes mais vous devez avoir un VTT ou vous ne passerez pas". J'ai un VTC nomméGrimp'Tout, ça passera. On m'avait dit que des ouvriers sur la piste refoulaient généralement les cyclistes, ceux que je croisent se contentent de me signifier mon état de folie de grimper là. Je ne l'ignore pas, tout va bien. La piste n'est effectivement pas terrible mais ça passe. Grimpt'Tout rencontre la neige un peu avant le col de Sencours. La piste devient très raide et j'atteins le Col des Laquets (2650 m) . Après, des randonneurs m'ont prévenu qu'un éboulement empêchait tout passage et que le sommet je ne l'atteindrais pas. Je ne tente rien et je redescends prudemment. Je reviens dans les nuages qui coiffent toujours le col du Tourmalet et me lance dans la descente. En raison du brouillard je ne trouve pas la piste qui mène au col des Iris. Qu'importe je ramène déjà 3 plus de 2000 m. Je retrouve Gilles à St Marie de Campan et nous campons à 10 km du sommet du col d'Aspin.
La septième étape commence avec des jambes de bois, impossible de démarrer, pourtant les pentes ne sont pas excessives. A l'embranchemententre les routes des Cols d'Aspin et de Beyrède, je fais une petite pause pour boire un bon café. Celui-ci me fais le plus grand bien. L'ascension du col de Beyrède est monstrueuse, pendant 1,5 km la bulle de mon clinomètre flirte avec les 14 - 15 %. La route est pleine de trous, mais je passe bien, je ne suis contrains à mettre le pied à terre qu'une fois en croisant un camping-car hollandais égaré. J'atteins le sommet dans les nuages. Suit alors une courte descente et 2 km de grimpe pour atteindre le col d'Aspin. Le sommet du col d'Aspin correspond aussi au 400ème km du voyage. La route qui mène à Arreau est fermée aux voitures… cool je vais pouvoir descendre en paix. Juste une petite frayeur au croisement d'un hollandais qui semblait avoir ignoré les panneaux. Nous pique-niquons un peu après Arreau dans la direction du col de Peyresourde. Je grimpe celui-ci sans problème jusqu'au panneau "reste 2 km". Là, tombe le coup de massue, il me faudra près d'une heure pour atteindre le sommet lessivé (pas le sommet, moi). Je décrète le lendemain jour de repos. Et Gilles me quitte pour remonter chez son frère passer le week-end.
Il y aura en fait deux jours de repos, le premier parce que j'en ai besoin, le second car la météo n'est pas encourageante. Le soir du premier jour, je profite de l'ouverture récente du premier cyber-café de Bagnère de Luchon pour envoyer quelques messages et consulter la météo. Neige dès 2400 m, vent fort, sommets bouchés, pluie… Je rencontre aussi dans le bar en question, un patron sympa et Nicolas et Carine avec qui je passe une soirée bien arrosée. Le deuxième jour de repos, je le passe à lire sous la tente jusqu'à ce qu'il arrête de pleuvoir, je tente alors de faire un peu sécher les vêtements humides. La pluie revient à la nuit, on verra demain mais j'ai envie de bouger quoi qu'il arrive.
Le dixième jour, départ mouillé mais sans pluie vers le col du Portillon pour un second passage en Espagne. La météo n'est pas mauvaise, il ne fait pas chaud, les éclaircies sont timides mais il ne pleut pas et c'est le principal. Dans les premiers lacets de la descente du Portillon, j'aperçois clairement la neige sur les sommets. Je remonte vers la France par une route plus importante mais pas trop désagréable que je quitte dès la frontière pour me diriger vers le col d'Artigascou. Durant l'assension, le soleil sort un peu plus franchement et je m'arrête, histoire de déplier la tente et de la sécher un peu, nous sommes au 500ème km du voyage. Du col d'Artigascou c'est une piste en état convenable qui mène au Mourtis et au col de Menté. C'est la première fois que je fais de la piste avec les bagages, à refaire. Au sommet du col de Menté, premier sommet du Big que j'atteins en descente, je me couvre, le thermomètre indique 7°C. Dans la descente je vais même regretter pour la première fois de ne pas avoir emmené mes gants d'hiver. Heureusement, au pied du col de Portet d'Aspet, où je fais une pause près du monument à Casartelli, il fait moins froid. Dans la montée de ce col, très raide dans ce sens, je roule tellement lentement que j'aperçois sur le talus quelques fraises des bois. Arrêt obligatoire. Au sommet, je fais une petite halte dans le bar. J'y rencontre le patron et un copain sérieusement éméchés, l'un comme l'autre. Le copain voyant mes mollets me dit. "Hé mon gars c'est pas des mollets que tu as là, c'est des ventres de lapin !" Et le patron de répondre. "Enceinte le lapin, enceinte !". Ceux qui me connaissent m'imagineront facilement écroulé de rire sur le comptoir. J'arrive finalement à Castillon en Couseran vers 19 h. Le temps de monter la tente et de manger, la pluie est de retour.
La neuvième étape sera la première de deux étapes difficiles, réalisées sous une pluie presque continue. Quand je démonte ma tente, il ne pleut pas et elle est presque sèche. J'ai l'impression que la couche nuageuse monte, ce serait bon signe. Le temps de déjeuner et de prendre la route et mes espoirs s'envolent, il pleut. Dans la descente du col de Saët, je commets ma seule erreur d'orientation du voyage, et je suis bon pour une ascension inutile d'un bon km, rien de grave. Je passe ensuite les petits cols de Portech et Catchaudégué sans difficulté. A Seix, il pleut toujours et je tente de me réchauffer dans un bistrot. La seule info que je peut glaner sur le col de Latrape, c'est qu'il y pleut. M'étonne pas, il pleut partout! J'arrive en fin d'après-midi à Aulus-les-Bains que je rebaptise Aulus-la-Douche à l'office du tourisme, l'employé a bien ri. Il me renseigne un petit hôtel pas cher où l'on mange bien. Effectivement c'est pas mal et en tout cas largement suffisant pour les besoins d'un cyclo-campeur trempé. L'hôtel est essentiellement peuplé de retraités, et ceux-ci ont froid. C'est cool, ils obtiennent du chauffage dans les chambres. Je vais donc pouvoir faire sécher toutes mes affaires. Je passe la fin de soirée avec Pierre, un prof de musique de Toulouse et son amie. Je me couche de bonne heure, espérant sans trop y croire, un arrêt des pluies pour le lendemain.
Le lendemain, il ne pleut plus, il drache ! (ça c'est du belge, au Québec on aurait dit, "il pleut à boire debout !"). Je n'ai pas trop envie de me payer une deuxième nuit d'hôtel et la carte météo montre un timide soleil sur la Méditerranée. Ca tombe bien c'est là que je vais. Bref je pars. Le temps d'installer les bagages sur Grimp'Tout et je suis dans le même état d'humidité que la veille en arrivant. Le moral lui est "à bloc" donc tout va bien. Dans la longue ascension du col d'Agnes, j'aurais même droit à environ 5 minutes sans pluie, on se prend à rêver… et si ça se dégageait. Les simples ruisseaux sont devenus des rivières, les cascades sont plus qu'impressionnantes c'est vraiment superbe. J'arrive finalement au col, pour battre dans la descente mon record inférieur de vitesse, 33 km/h. Entre le col d'Agnes et le Port de Lers, il y a une auberge où je me réchauffe et me sèche au feu de bois. Le Port de Lers n'est plus qu'une simple formalité. Durant la descente, la pluie diminue, finalement s'arrête et quand j'atteins Vicdessos, la route commence même à sécher. Là je suis rejoint par Gilles et Valérie, sa copine, pour passer ensemble la soirée, nous nous offrons un super BBQ couronné d'un Camembert à la braise… Un délice. Au moment de se coucher, et pour une bonne partie de la nuit, la pluie…
La 11ème étape est la première depuis longtemps à se dérouler intégralement sous le soleil. Je pars de Mercus près de Tarascon s/ Ariège par la route des corniches vers le col de Marmare. La montée vers celui-ci semble interminable mais pas trop dure, les paysages sur la vallée sont superbes. Au col de Marmare, je bifurque vers le col du Chioula à 2 km en passant par le col d'En Ferret. Dans la descente, je constate que mes patins de freins arrières sont tellement usés que je dois les changer au plus vite. Pas question donc d'attaquer ce jour le col de Pailhères à 2001m d'altitude. Je descends donc vers Ax-les-Thermes pour faire un peu de mécanique. Cela rallonge l'ascension du col de Pailhères de près de 4 km mais qu'importe on verra demain. Je passe la soirée au bar d'un camping que je connais bien pour y avoir déjà séjourné deux fois.
La douzième étape sera la plus dénivelée de tous mes voyages à vélo, un peu plus de 2500 m pour 112 km. Levé en pleine forme, départ un peu avant 9 heures pour les 22 km qui me séparent du col de Pailhères. C'est le premier 2000 que je passe avec les bagages, c'est long, lent mais sans problème. Au sommet je me fais même applaudir par des cyclos légers qui m'avaient dépassé quelques km auparavant. La descente est superbe et sinueuse, sur une route bien tracée. Heureusement que je n'ai pas tenté ça la veille sans frein. Je m'offre un petit détour par Quérigut où je suis un peu déçu, il ne reste quasi rien du château. J'attaque ensuite les cols de Moulis et de Garavel en guise d'entremets. A Roquefort de Sault je m'arrête pour une bonne pause, espérant y trouver un bar. Il y en a un mais le patron est fainéant, me dit un passant, et n'ouvre que quand il le veut bien. Pour moi il accepte, c'est le principal. C'est un homme rondelet, bon vivant et hilare bien sympathique avec qui je passe finalement une heure de repos agréable. Il me reste à franchir dans la journée le col de Jau, celui-ci a l'air redoutable selon tous les gens rencontrés, mais comme j'ai passé Pailhères, le plus dur est fait, disent-ils pour m'encourager. Effectivement, le col de Jau est long mais pas trop raide. Dans la descente, surviennent une série de petits incidents heureusement tous bénins. Premièrement, une vipère se chauffe sur la route, mes roues passent à quelques millimètres, ouf j'ai eu chaud même si je ne risquais quasi rien. Ensuite vient une voiture à l'entrée d'un village qui n'était pas bien à sa droite. Moi un peu fatigué, je glisse en freinant et touche de ma sacoche la pare-chocs arrière. C'est la chute, sans gravité mais une des fixations de mes grosses sacoches est cassée. Je suis obligé de placer les sacoches lourdes à l'arrière pour pouvoir les fixer avec l'élastique. Le vélo est un peu moins stable en descente, il suffit de le savoir. J'arrive finalement à Prades, bien décidé à y dormir. Le camping est complet, j'explique au garde saoul qu'en montagne, ça se fait, de garder une petite place, ou d'en trouver une, pour un randonneur fatigué. Nous ne sommes pas en montagne mais en moyenne montagne donc ça ne compte pas, c'est complet. Bon si le Canigou est moyen, il ne doit pas y avoir été souvent. Je reprends la route vers Espira de Conflent, en voulant mettre mon casque, celui-ci m'échappe des mains. Un automobiliste sympathique fait même un petit crochet pour rouler dessus. Je serai vengé, ma lanière c'est enroulée dans le disque de son frein et il est bon pour démonter. Finalement j'arrive épuisé et le moral un peu cassé à Espira de Conflent, le camping est très hollandais, mais la bière n'est pas chère et les gars du coin sont sympas. Je me remets assez vite de cette rude journée.
La treizième étape, la dernière de la traversée sera la plus longue du voyage. Je pars le matin, un peu cassé par l'étape et la soirée de la veille. Mon dernier col à plus de 1000 m, celui de Palomère me semble interminable. Quand j'arrive enfin au sommet, quelle n'est pas ma surprise d'entrevoir "déjà" la mer. Voilà que le moral est à nouveau à son maximum. Dans la descente vers Le Boulou, je "ramasse" encore quelques cols qui ne me demanderont aucun effort. Mon objectif est d'aller planter la tente à Sorrède et de rejoindre la mer à vide pour m'offrir un petit resto à Argelès s/ Mer. Les derniers km avant la plage, je les ai parcourus dans une euphorie complète, presque entièrement sans les mains. J'arrive à la plage au 924ème km du voyage. Objectif atteint. Après le resto, il est 22 h 30, j'ai envie d'une petite ballade de nuit. L'objectif véritable du voyage, ce n'est pas la mer, c'est Collioure à quelques km de là. Alors va pour Collioure. Collioure, contrairement à Argelès est superbe, mais tout aussi infestée de monde. Je m'offre une pause dans le port et un bon Ricard. Je rentre finalement à la tente avec 128 km dans les jambes vers 3 heures du matin.
Le lendemain de mon arrivée à la mer, je m'offre une petite balade de 30 km pour aller me tremper dans les vagues, il ne fait pas très chaud et les trempettes sont de courte durée. J'avais prévu au départ de remonter en montagne quelques jours avant de rentrer, mais avec une sacoche cassée et pas de casque, il n'est peut être pas raisonnable de se taper des plus de 2000 sur piste. Je garde donc cet itinéraire en réserve pour une prochaine fois. Je vais juste encore faire une bonne randonnée à vide puis je rentre.
Le dernier jour, je pars donc pour une ultime rando de ce raid, au programme, la Tour Madeloc, redoutable Big et quelques petits cols autour d'elle. L'ascension n'est pas encore redoutable au début, mais la chaleur et le soleil si. Le plus difficile avant le dernier km sera de bien doser l'eau que je bois pour qu'il m'en reste encore un peu une fois au sommet. Le dernier km, lui par contre est vraiment monstrueux. Les pavés en moins, il m'a fait penser au Mur de Grammont près de chez moi, des rampes à près de 20% (max 21% selon ma bulle), l'horreur sous cette chaleur. Pour arriver au sommet et à la tour, il faut franchir une petite barrière, mais ce ne semble pas interdit aux vélos. Je redescends par Banuyls où je m'installe dans un bar pour regarder la fin de l'étape du Mont Ventoux et me désaltérer un bon coup. Je rentre ensuite à Sorrède pour préparer mes bagages en passant par la gare. L'info que l'on me donne est toujours aussi imprécise, il y a un train jusque Paris, après débrouillez-vous. A la S.N.C.F. c'est toujours possible. J'achète mon billet… pour Paris.
Le retour est souvent l'étape la plus difficile du voyage en raison de l'interdiction d'embarquer les vélos sur les TGV. Vous me direz qu'en le démontant pour le ranger dans une housse, c'est possible. Franchement, vous me voyez démonter ce monstre de Grimp'Tout, moi pas. Bref je suis condamné aux grandes lignes. Dans le train entre Argelès et Paris, je rencontre Nicolas, polytechnicien français, VTTiste venu récemment à la route. Il s'est offert son premier séjour en montagne, sur son vélo ultra léger, il porte un énorme sac à dos… A vide, il s'est cassé les dents (40 au petit plateau !) dans ses premiers cols. Mais il s'est juré de revenir. (Et il est revenu, en 2003 avec un trois plateaux pour une traversée Est Ouest dont il nous livre le récit) Ah la montagne quand elle vous prend, elle ne vous lâche plus ! Nous nous séparons à Paris, mais nous nous reverrons peut-être déjà au festival du voyage à vélo en janvier. Je rejoins presque facilement la Gare du Nord. Il a fallu parlementer un peu pour accéder au RER car c'est encore l'heure de pointe et les vélos sont interdits. Mais ça passe quand même. A la gare du Nord, je dois me faire une raison, le seul train que je puisse prendre est un train de nuit pour Amsterdam via Bruxelles. Je déteste ce train, toujours bondé ou presque, je ne ferme donc pas l'œil, histoire de quand même veiller au bien-être de Grimp'Tout. Arrivé à la gare de Bruxelles Midi, je n'ai vraiment plus la force de rallier Silly à vélo, j'attends donc le premier train et j'arrive à la maison vers 6 heures du matin avec 1124 km au compteur !

Le voyage en quelques chiffres

Km total 1124
Dénivelée totale : Beaucoup ?

Cols franchis : un peu plus de 50 mais le compte exact n'est pas terminé
Cols à plus de 2000 franchis : 4

Etape la plus dénivelée : environ 2500 m sur 112 km
Etape la plus longue : 128,1 km (la dernière vers la mer)
Etape la plus courte : 47,6 km (troisième étape, premier gros col)
Etape la plus rapide : 17,33 km/h sur 50,4 km (deuxième étape)
Etape la plus lente : 11,78 km/h sur 47,6 km (troisième étape premier gros col)

Coup de barre : 1 gros quelques petits
Chute : 1
Crevaison : 0
Km sous la pluie : 180 km

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