Drôme - Vaucluse 2000

 

Toutes les images qui illustrent ce voyage et quelques autres sont en grand format dans les galeries

 

L'année précédente, j'avais été en Corse en voiture avec mon épouse, via Nice, nous avions pris le temps pour descendre par les Alpes. J'étais devenu fou, voir tant de vélos passer par ces grands cols et pas moi, l'horreur... il fallait que j'essaye. Mais bien sûr, la haute montagne cela ne s'improvise pas. Ma première idée était de partir dans les Vosges deux semaines seul en cyclo-camping pour m'entraîner puis de descendre en voiture vers Barcelonnette pour attaquer les grands cols du coin. Réflexion faite, les Vosges je risque encore beaucoup de pluies et je n'ai pas très envie. Des amis dont les parents ont une maison en Drôme me proposent de venir rouler dans leur coin, je regarde les cartes... OK ... projet adopté. Nous sommes début mai, la fin de l'année académique approche, elle n'a pas été terrible il est temps que ce soit fini. Je commence mes soirées préparation, je découvre l'utilité d’Internet pour cela. Plus le temps passe plus je suis infernal, je voudrais partir tout de suite. Je me renseigne sur les cols du coin je prépare un tour de 600 km. La préparation consiste surtout à se faire une carte, c'est à dire noter sur une carte IGN 1:100000 tout ce que je sais, les campings les épiceries, les gîtes,... bref tout ce qui peut servir à un voyage réussi. Pendant la préparation je vois sur la carte des mots qui m'attirent MONT VENTOUX, j'en ferais bien l'objectif final avant Barcelonette.

Le 30 juin, dernier jour d'école, je sors vers midi de ma réunion de parents, je prends le train pour Namur d'où part le soir le seul train pour Paris qui accepte les vélos, j'ai acheté pour environ 2.5 Euro (100FB) un énorme sac qui peut contenir tout mon matériel, cela me permettra de prendre le train et le métro à Paris plus à l'aise et de l'abandonner sans remords à Chorges. A Paris je ne traîne pas, je prends le train de nuit pour Chorges près de Gap.

Le lendemain je me réveille au pied de mon premier col, un peu stressé, mais tellement heureux d'y être. Je bois un café dans un bar du coin, beuuuuhh, il va falloir s'habituer au café français.Un croissant vite fait et c'est parti pour le col Lebraut. On me l'a dit coriace, je le passe très facilement à un rythme de promenade, c'est bon signe pour la suite. Il y a un peu de brume, il ne fait pas trop chaud c'est parfait. Je descends vers le barrage de Serre-Ponçon pour remonter vers le cols des Garcinets, je suis parti pour une étape de près de 90 km, pas certain de pouvoir les faire mais qu'importe, je camperai en sauvage s'il le faut. Je passe le cols des Garcinets sans trop de difficultés juste trois gouttes de pluie. Dans le village de Turriers je casse un rayon de ma roue arrière. il faut trouver à réparer je n'ai rien avec moi pour ce genre de "panne". Je me renseigne, il y a un réparateur à Sisteron mais il est fermé le lendemain je dois donc y arriver le plus vite possible. Je passe par le cols de Sarrault pour descendre à bloc vers Sisteron. je me dis que si des rayons doivent casser c'est le moment alors, à fond. J'arrive à Sisteron avec 4 rayons cassés, une roue bien voilée et un vélo plus trop stable.L'idéal serait peut être une roue neuve car celle-ci a déjà bien servi mais il n'y en a pas. On répare donc... Pendant la réparation j'inaugure une tradition, le Pastis à la fin de l'étape, un très long pour désaltérer et un second, minimum, pour en profiter.

Le deuxième jour je pars vers Lachau par les gorges de la Méouge, la route est assez sympa et ne monte que très peu, je roule assez vite, l'étape de la veille n'a pas fait trop de dégâts.ALachau je me méfie du dimanche et achète à manger dans l'épicerie fermée qui ouvre pour moi. J'attaque le cols de Saint Jean à l'heure du déjeuner, il fait terriblement chaud et les pentes sont raides, je pars trop vite... A mi-col heureusement je trouve une source, je suis a sec et je commence à envisager de redescendre tellement j'ai soif. Finalement j'arrive au sommet. Ouf! C'était dur. Je descends vers Laborel où je m’octroie une pause prolongée en compagnie d'une vieille dame qui me parle des 3 centenaires du village et d'elle même qui espère y arriver. Je passe ensuite le col de Perty sans trop de difficultés pour atteindre en fin d'après midi la petite ville de Buis les Baronnies. Il y a là un camping près de la piscine que je ne recommande à personne, mais je n'ai pas l'intention d'y rester. Le soir c'est la finale de la coupe d'Europe, normalement je devrais bien dormir, les Italiens devraient gagner. Même si je n'aime pas trop le foot, de toute façon il n'y a pas le choix, je regarde donc la finale dans le PMU. Dois-je vous le dire j'ai passé une nuit assez courte en raison des klaxons....

Le troisième jour, 2 cols au programme, vers la Motte Chalancon celui de Peyruerque et celui du Soubeyrant. A Saint-Sauveur un vieux monsieur me raconte avoir participé à la construction de la route du col dans les années 30 à la pioche, le col n'en sera que plus impressionnant mais sans difficulté majeure. J'arrive à la Motte-Chalancon dans un camping sympa avec piscine mais pas trop cher. Il y a plein de Belges surtout des Liégeois... oufti quel accent... Et de la Jupiler au fût, je fais donc une exception au Pastis. Le lendemain je reprends la route sous quelques gouttes de pluie pour quatre cols. Sous cette météo pas terrible, le cols de Pré-Guittard me semble long. Le temps s'améliore et je passe les cols Lescou, de la Sausse et de Valouse sans la moindre difficulté. La descente du col de la Sausse est vraiment sympa dans une gorge étroite, trop courte.

J'effectue ensuite une descente à tombeau ouvert vers Chantemerle-Les-Grignan où m'attendent mes amis pour une journée de repos près de la piscine. Je ne marque en fait qu'un seul arrêt, au moment où pour la première fois je vois distinctement le Mont Ventoux à l'horizon. Il est tellement beau là-bas au loin que la décision est vite prise, j'y vais.

Le sixième jour, je pars vers 17 h seulement de Chantemerle direction Vaison-la-Romaine, la route est " chiante " mais j'ai pris les grands axes pour arriver pas trop tard. J'ai longuement réfléchi et hésité pour savoir par où attaquer le monstre qui se dresse maintenant devant moi finalement je serai raisonnable, je le prendrai de Sault et sans bagage. Pour un premier plus de 1500 presque 2000 c'est déjà pas mal.

Et le septième jour Dieu se reposa…, oups pardon, j'entame le tour du Ventoux par le nord, il fait épouvantablement chaud et je n'avance que par coup de 10 km pour me mettre à l'ombre un quart d'heure et repartir. J'arrive finalement tard à Sault. Je passe ce jour là le Pas du Voltigeur et le col de Veaux vraiment tout petits.

Le huitième jour je me lève en pleine forme, il y a beaucoup de nuages sur le sommet du monstre mais je suis convaincu qu'ils vont se lever. Je pars de bonne heure, il ne fait pas très chaud mais tout va bien. Plus je monte, plus il y a du vent (au Ventoux vous me direz que l'on n'a pas vraiment le choix). Arrivé au Chalet Reynard il fait franchement froid et je décide de faire une pause, les nuages sont toujours là quelques mètres au-dessus de moi, je m'envoie donc un chocolat chaud et un café avant de repartir. Je ne m’arrêterai plus, il fait vraiment trop froid, je me suis couvert mais ca ne sert à rien la veste imperméable au vent est en bas. En passant devant le monument Simpson je ne pense qu'à une chose bientôt le sommet il reste moins de 2 km. A 1 km du sommet un cyclo a peint au sol une flamme rouge, je vous jure qu'elle fait plaisir. J'arrive au sommet grelottant, 7°C et un vent à écorner les bœufs. La visibilité 30m tout au plus, pour le panorama du Ventoux je reviendrai. Je me réfugie quelques minutes dans le magasin de souvenirs où il n'y a que des cyclos. Les autres ne sont pas montés il fait trop mauvais. J’achète quelques cartes sur lesquelles je demande d’apposer le cachet et je me prépare à une descente dangereuse. Encore une pause au Chalet Reynard mais cette fois-ci c'est une bière qui me réchauffe, il faut fêter ça. Le reste de la descente est beaucoup plus facile et moins dangereux, je vais récupérer mes bagages et ma tente au camping.

Pas rassasié pour un sous je pars pour Bédoin par les superbes gorges de la Nesque que je descends à un rythme de promenade. Les dix dernier km se font par contre face à un Mistral de la mort. C'est la plus longue étape de ce voyage (106km) mais aussi la plus haute (1909m). Le soir il y a tellement de mistral qu'il est impossible d’allumer mon réchaud, je me trouve donc un petit resto où je mange un confit de canard aux figues cuites, un vrai délice. La nuit, ma tente dont je n'ai pour des raisons de poids que le double-toit me tombera 3 fois sur la tête, couchée par le vent.

Le neuvième jour, je retourne à Chantemerle-les-Grignan et je fais bien, le lendemain la météo est calamiteuse sur toute la France, je ne fais qu'une petite balade de 40 km sans bagages pour aller faire quelques courses et comme j'ai toujours de la chance, c'est devant la porte du marchand de cycles de Saint-Paul-Trois-Chateaux qu'explose mon pneu arrière. Je passe le reste de la journée devant la télévision pour voir Amstrong assommer le tour de France sous la pluie à Autacam.

Le onzième jour je fais une petite étape vers Dieulefit (car si dieu le fit, il fallait que je le fasse) où je passe une journée entière sous la tente, il douche et je n'ai pas envie de rouler, je bouquine. Je n'ai plus d'itinéraire en vue, il me reste quatre jours avant l'arrivée de mon épouse, il faut que je consulte mes cartes. C'est alors que s'impose à moi le col de Pennes. Une penne en provençal c'est un éperon rocheux sec si j'ai bien compris, mais à Bruxelles c'est la casquette que porte les étudiants en guindaille (l'équivalent local de la faluche si vous voulez). Ma seconde passion après le vélo c'est l'histoire du Folklore estudiantin Bruxellois et donc il faut que je passe ce col.

Le treizième jour, je me dirige donc vers le cols de la Chaudière, il ne fait pas trop chaud, il fait même froid dans les descentes mais il ne pleut plus c'est déjà ça. Dans le col de Pennes je vais vraiment peiner, c'est la seule fois que sonne mon cardio-fréquence-mètre qui ne sert qu'a donner l'alerte au dessus de 170 pulsations minutes. Les 4 premiers km sont proche des 12% moyen après ca ce calme. Au sommet du col j’aperçois les cîmes sous la neige du parc des Ecrins (je crois) c'est vraiment une vue magnifique. Le soir je dors au camping de Luc-en-Diois, il y a une piscine mais la chaudière est en panne, tant pis je nage quand même un peu dans l'eau à 19°C (C'est un comble après mon premier col du jour).

Le quatorzième jour... il pleut de nouveau mais là je n'ai plus le choix, il faut que je roule si je veux être au rendez-vous avec mon épouse qui me rejoint à Chantemerle. Je m'enfile donc les cols de Prémol, des Roustants (je n’ai pas dit Rouston), de Vache, et des Guillens sous une pluie continue, je ne garde pas d'autre souvenir de cette journée.

Je roule vers Saint-Nazaire-le-Désert espérant que dans le désert il fasse sec, je rêve mais ça motive. Le soir je n'ai pas envie de monter la tente, je l'ai pliée mouillée et c'est presque l'assurance d'une nuit d'horreur. Je cherche à dormir au sec et je trouve finalement une caravane à louer pour environ 3 Euros (20ff) la nuit. L'immeuble (plus vraiment mobile l'engin) ne date pas d'hier mais il ne pleut pas dedans.

Le dernier jour, je rejoins Chantemerle pour la dernière fois par le chemin des écoliers, pour que mon compteur marque 1003 km à l'arrivée. En route, je découvre à Saou la Marquisette, un mélange de vin blanc et de clairette macéré dans des fruits, excellent mais un peu traître.

C'est un superbe voyage qui se termine, je suis vraiment mordu de la montagne et plein de projets. Le premier est d’ailleurs une semaine à Barcelonnette pour attaquer quelques grands cols des Alpes. Mais pour moi ceux-ci effectués au départ d'un "camp de base" sans bagages ne font plus vraiment partie du même voyage.

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